J'aime faire la cuisine. J'aime être à table. Mais quelque chose en moi se rebiffe à l'idée d'être servi par quelqu'un d'autre que moi. Cette forme de timidité, je la dois à mon éducation familiale.
Mes parents servaient les autres, même si trop souvent les autres se servaient d'eux. À l'usine, mon père offrait son aide aux camarades comme aux petits boss, sauf les jours de grève où il n'avait d'attention que pour ceux qui peinaient avec lui. Dans le quartier où nous habitions, ma mère avait l'habitude de prêter main-forte à quiconque en éprouvait le besoin : faire de la couture pour les uns, du lavage pour les autres, des galettes pour tout le monde. Mes parents m'auront appris la signification profonde du mot "communauté". Que l'on remplace aujourd'hui par un souhait boursouflé d'irénisme : le "vivre-ensemble".
À une époque où chacun réclame ses droits, je vois mal quelqu'un en train de remplir tout simplement son devoir. Il n'y a rien d'humiliant dans le fait de servir autrui tant et aussi longtemps que résiste à la malveillance cet instinct de bonté que freinent les politiques alors qu'elles devraient le stimuler.
dimanche 17 août 2008
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