vendredi 15 août 2008

On repart la machine...

Frérot m'a convaincu : je relance le bloc-notes.

De 1996 à 2001, les vendredis, je chroniquais au Nouvelliste, un quotidien de Trois-Rivières. En hommage à François Mauriac, j'ajoutais mon nom à une assez longue liste de pâles imitateurs du Bloc-notes (Seuil, coll. Points, 5 volumes, 1952-1970). Le romancier catholique s'était engagé "sur ces problèmes d'en-bas", que traite le journalisme, "pour des raisons d'en-haut", que plus personne n'invoque aujourd'hui à moins d'écrire pour La Tour de garde (le fascicule des Témoins de Jéhovah) ou dans Vers Demain (le tract des Bérets Blancs).

Jean Lacouture, lui-même un très grand journaliste, en 1980 présentait Mauriac comme "le plus grand des journalistes". J'imagine mal que l'on puisse le contredire aujourd'hui. Les catholiques se font discrets. On ne les lit plus, on ne les entend guère plus. Ils se veulent peut-être trop chrétiens. Pour certains esprits, l'humilité se confond avec l'effacement. Passons.

Récemment, à propos de ces auteurs catholiques qui nous font cruellement défaut, j'écrivais à l'un de mes amis : "Pascal aussi me fait sourire. Quand il s’attaque aux bons pères, il y met une férocité toute chrétienne. La même que l’on retrouve chez Bernanos. Ou chez Mauriac dans son Bloc-notes. Décidément, les écrivains catholiques ne sont vraiment inspirés que lorsqu’ils mangent du prochain. J’exagère, bien sûr. Mais je sais que la raillerie est un viatique, et la bêtise une maladie incurable." Dans la vie de tous les jours, le plus souvent en fin de soirée, je raille pour éviter de râler, et parfois je suis bête pour me garder de l'être tout à fait. Mais c'est une autre histoire, que pour l'instant je vous épargne.

Je reprends donc le collier. Ce ne sera pas facile, on se rouille si vite. Je parlerai de ce qui m'enchante et de ce qui me dérange. De mes lectures et de mes rêveries. Je lutterai contre l'esprit du temps, lequel nous invite à toujours plus de sottise et toujours moins d'introspection.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Le janséniste Pascal faisait le bon calcul en côtoyant Port-Royal. Sa fidélité l'a propulsé dans la littérature. En ce sens, Mauriac fait le même pari; ses fidélités morales ou politiques ont galvanisé ses mots. La fidélité fait rarement bon ménage avec la négociation; du moins elle y perd sa passion. Bon retour Christian!

Christian Bouchard a dit…

J'en aurais long à dire sur le sujet. On a fait de la fidélité une obsession, quand elle devrait être une couleur parmi tant d'autres. Avec toi cependant je maintiens que certaines fidélités restent préférables à des infidélités incertaines.